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savanes, où l’on voit beaucoup de canneficiers (c’est le nom qu’on donne aux arbres qui portent la casse). Pendant que les Juifs avaient la liberté d’être aux îles, ils faisaient confire quantité de siliques de casse pour l’Europe. Leur méthode était de les cueillir extrêmement tendres et lorsqu’elles n’avaient encore que deux à trois pouces de longueur, de sorte qu’on mangeait la silique même avec tout ce qu’elle contenait. Cette confiture était agréable, et tenait le ventre libre. Les Juifs confisaient aussi les fleurs, et leur conservaient leur couleur naturelle sous le candi dont ils avaient l’art de les couvrir : elles produisent le même effet que les siliques. Mais depuis l’expulsion des Juifs, soit qu’ils aient emporté leur secret, ou qu’on n’ait pas pris la peine de l’employer, cette confiture a perdu sa réputation.

Le port de la Trinité est un grand enfoncement qui forme une longue pointe, nommée la Pointe de la Caravelle, dont il est couvert du côté du sud-est. De l’autre, il est fermé par un morne assez haut, d’environ quatre cents pas de longueur, qui ne tient à la terre de l’île que par un isthme ou une langue déterre de trente-cinq à quarante toises de large. Le côté de l’est opposé au fond du golfe est fermé par une chaîne de rochers qui paraissent à fleur d’eau en mer basse, et sur lesquels Labat juge qu’on pourrait établir une batterie fermée. C’est une opinion fausse, dit-il, que celle de quelques philosophes qui n’admettent point de flux ni de