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bout était presque entièrement ouvert. À dix pas de ce bâtiment, il y en avait un autre moins grand de moitié, et divisé en deux par une palissade de roseaux. Nous y entrâmes : dans la première chambre, qui servait de cuisine, sept ou huit femmes étaient occupées à faire de la cassave : la seconde division servait apparemment de chambre à coucher pour toutes ces dames, et pour les enfans qui n’étaient pas encore admis au grand édifice ; elle n’avait d’autres meubles que des paniers et des hamacs.

» C’était aussi l’unique ameublement du grand carbet. Le maître et les quatre fils avaient près de leurs hamacs un coffre, un fusil, un pistolet, un sabre et un gargousier. Quelques Caraïbes travaillaient à des paniers. Je vis aussi deux femmes qui faisaient un hamac sur le métier. Les arcs, les flèches, les massues, étaient en grand nombre, proprement attachés aux chevrons. Le plancher était de terre battue, fort net et fort uni, excepté sous les sablières, où l’on remarquait un peu de pente. Il y avait un fort bon feu vers le tiers de la longueur du carbet, autour duquel huit ou neuf Caraïbes, accroupis sur leurs jarrets, fumaient en attendant que leur poisson fut cuit. Ces messieurs nous avaient fait leurs civilités ordinaires, sans changer de posture, en nous disant dans leur jargon : Bonjour, compère, toi tenir tafia. Leurs poissons étaient par le travers du feu, pêle-mêle entre le bois et les charbons. Je les pris d’abord pour quelques