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Le monopole se détruit par son avidité même. La compagnie de Saint-Louis fut ruinée par les infidélités de ses agens, sans que le territoire confié à ses soins profitât de tant de pertes. Ce qui s’y trouva de culture et de population lorsqu’elle remit en 1720 ses droits au gouvernement était, pour la plus grande partie, l’ouvrage des interlopes.

Depuis leur établissement, les colonies françaises recevaient leurs esclaves des mains du monopole, et en conséquence en recevaient fort peu à un prix exorbitant. Réduit en 1713 à l’impossibilité de continuer ses opérations languissantes, le privilége associa lui-même à son commerce les négocians particuliers. Cette nouvelle combinaison fut suivie d’une telle activité, que le gouvernement commença enfin à se détacher de l’exclusif, en conférant, en 1716, la traite de Guinée aux ports de Rouen, Bordeaux, Nantes et la Rochelle.

On commençait à sentir le bien qu’allait produire cette liberté, tout imparfaite qu’elle était, lorsque Saint-Domingue fut encore condamné à recevoir ses cultivateurs de la compagnie des Indes, qui n’était même obligée de lui en fournir que deux mille chaque année. Ce fut en 1722 qu’arrivèrent dans la colonie les agens d’un corps odieux. Les édifices qui servaient à leurs opérations furent réduits en cendres. Les vaisseaux qui leur arrivaient de la côte d’Afrique ou ne furent pas reçus dans les ports, ou n’eurent pas la liberté d’y faire