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qu’ils ne se l’étaient imaginé, et la crainte du même malheur leur fit perdre l’envie de se pendre.

Le P. Labat, qu’on donne pour garant de ces deux faits, ajoute que, si ces remèdes paraissent bizarres, ils ne laissent pas d’être proportionnés à la portée de l’esprit des nègres, et de convenir à leurs préventions ; mais ils ne sont pas plus étranges que la disposition où le même voyageur les représente à l’égard du christianisme, qu’ils paraissent embrasser.

Il est vrai, dit-il, « qu’ils se convertissent aisément, lorsqu’ils sont hors de leur pays, et qu’ils persévèrent dans le christianisme tant qu’ils le voient pratiquer et qu’ils ne voient pas de sûreté à s’en écarter ; mais il est vrai aussi que, dès que ces motifs ne les retiennent plus, ils ne songent pas plus aux promesses de leur baptême que si tout cela ne s’était passé qu’en songe. S’ils retournaient dans leur pays, ils se dépouilleraient aussi facilement du nom de chrétien que de l’habit dont ils se trouveraient revêtus. »

Jusqu’en 1688 les travaux de Saint-Domingue avaient été faits par les engagés et par les plus pauvres habitans. Des expéditions heureuses sur les terres des Espagnols procurèrent quelques nègres. Leur nombre fut un peu grossi par l’arrivée de trois navires français venus d’Afrique, et beaucoup plus par les prises qu’on fit sur les Anglais, durant la guerre de 1688, enfin par une descente à la Jamaïque, d’où l’on en enleva trois mille en 1694. C’étaient