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un turban au lieu de chapeau, des pendans d’oreilles, et un carcan d’argent avec leurs armes.

Les négresses, dans leur habillement de cérémonie, portent ordinairement deux jupes. Celle de dessous est de couleur, et celle de dessus presque toujours de toile blanche de coton ou de mousseline. Elles ont un corset blanc à petites basques, ou de la couleur de leur jupe de dessous, avec une échelle de rubans ; des pendans d’oreilles d’or ou d’argent, des bagues, des bracelets et des colliers de petite rassade à plusieurs tours, ou de perles fausses, avec une croix d’or ou d’argent. Le col de leur chemise, les manches et les fausses manches sont garnis de dentelle ; et leur coiffure est d’une toile très-blanche et très-fine, relevée aussi de quelques dentelles. Cependant on ne voit cet air de propreté qu’aux nègres et aux négresses qui se mettent en état, par leur travail, d’acheter ces ornemens à leurs frais ; car, à l’exception des laquais et des femmes de chambre de cet ordre, il n’y a point de maître qui fasse l’inutile dépense de parer une troupe d’esclaves.

Les Européens se trompent lorsqu’ils s’imaginent qu’aux îles on fait consister la beauté des nègres dans la difformité de leur visage, particulièrement dans de grosses lèvres, avec un nez écrasé. Si ce goût est celui de l’Europe, il règne si peu dans les colonies, qu’on y veut au contraire des traits bien réguliers. Les Espagnols y apportent surtout une extrême attention, et ne regardent point à cinquante piastres de