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portance de les tenir propres l’oblige aussi de leur faire laver souvent leurs habits et de leur faire raser la tête. À l’égard des meubles, ils consistent en calebasses et en vaisselle de terre, avec des bancs, des tables, et quelques ustensiles de bois. Les plus riches ont un coffre ou deux pour y conserver leurs hardes.

On laisse ordinairement entre les cases un espace de quinze ou vingt pieds, pour remédier plus facilement aux incendies, qui ne sont que trop fréquens, et cet espace est fermé d’une palissade. Les uns y cultivent des herbes potagères, et d’autres y engraissent des porcs. Dans les habitations où les maîtres en nourrissent aussi, on oblige les nègres de mettre les leurs dans le parc du maître, et de prendre soin des uns et des autres. Lorsqu’ils veulent vendre ce qui leur appartient, ils doivent offrir la préférence à leur maître ; mais la loi l’oblige aussi de leur payer ce qu’il achète d’eux au prix courant du marché. Une ordonnance fort utile, mais dont on se plaint que l’exécution est négligée, est celle qui défend de rien acheter des nègres, s’ils ne produisent une permission de leurs maîtres. C’est un moyen sûr de prévenir les vols, ou d’arrêter du moins ceux qui ont la mauvaise foi d’en profiter ; mais à Saint-Domingue comme en Europe il se trouve des marchands sans religion et sans honneur, qui, prenant tout ce qu’on leur présente à bon marché, entretiennent les nègres dans l’habitude du vol.