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qu’à terre et forment, à côté des cases, de petits appentis où les porcs et la volaille sont à couvert. On voit rarement plus d’une fenêtre à chaque case, parce que les nègres sont fort sensibles au froid, qui est quelquefois piquant pendant la nuit ; d’ailleurs la porte suffit pour donner du jour. La fenêtre est toujours au pignon. Quelques-uns ont une petite case près de la grande, pour y faire leur feu et leur cuisine ; mais la plupart se contentent d’une seule, où ils entretiennent du feu toute la nuit. Aussi les cases sont-elles toujours enfumées, et leurs habitans contractent eux-mêmes une odeur qu’on sent toujours avant qu’ils se soient lavés. Le mari et la femme ont chacun leur lit. Jusqu’à l’âge de sept ou huit ans, les enfans n’en occupent qu’un ; mais on n’attend pas plus long-temps pour les séparer, parce qu’avec le penchant de la nation pour les plaisirs des sens, il ne faut plus compter sur leur sagesse à cet âge. Les lits sont de petits enfoncemens pratiqués dans les murs de chaque maison. Ils consistent en deux ou trois planches posées sur des traverses, qui sont soutenues par de petites fourches. Ces planches sont quelquefois couvertes d’une natte de latanier, ou de côtes de balisier, avec un billot de bois pour chevet. Les maîtres un peu libéraux donnent à leurs nègres quelques grosses toiles, ou de vieilles étoffes pour se couvrir ; mais c’est un surcroît de soin pour le commandeur, qui est obligé de les leur faire laver souvent. L’im-