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qui descendent d’un père et d’une mère aradas, ont au contraire de l’aversion pour ce mets, et regardent comme une grande injure le nom de mangeurs de chiens. Mais ce qui paraît plus étonnant au P. Labat, c’est que les chiens de l’île aboient à ceux qui les mangent et les poursuivent, surtout lorsqu’ils sortent de ces festins. Le public est averti des jours où l’on rôtit un chien chez quelque Arada par les cris de tous ces animaux, qui viennent hurler autour de la case, comme s’ils voulaient plaindre ou venger la mort de leur compagnon.

Les cases des nègres français sont assez propres. Le commandeur qui est chargé de ce soin doit y faire observer la symétrie et l’uniformité : elles sont toutes de même grandeur, dans leurs trois dimensions, toutes de file ; et, suivant leur nombre, elles composent une ou plusieurs rues. Leur longueur commune est de trente pieds sur quinze de large. Si la famille n’est pas assez nombreuse pour occuper tout ce logement, on le divise en deux parties dans le milieu de sa longueur. Les portes sont aux pignons ; et si la maison contient deux familles, elles répondent sur deux rues ; mais pour une seule famille on n’y souffre qu’une porte. Ces édifices sont couverts de têtes de cannes, de roseaux ou de feuilles de palmistes. Les murs sont composés de claies qui soutiennent un torchis de terre grasse et de bouse de vache, sur lequel on passe une couche de chaux. Les chevrons et la couverture descendent souvent jus-