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quantité qui y excellent, et qui n’ont pas l’oreille moins fine ni les pas moins mesurés que nos plus habiles danseurs. Quelques-uns jouent assez bien du violon, et gagnent beaucoup à jouer dans les assemblées. Ils jouent presque tous d’une espèce de guitare, qu’ils composent eux-mêmes d’une moitié de calebasse, couverte d’un cuir raclé, avec un assez long manche : elle a quatre cordes de soie ou de pite, ou de boyaux secs et passés ensuite à l’huile, qui sont soutenues sur la peau par un chevalet à la hauteur d’un pouce et demi. Cet instrument se pince en battant ; mais le son en est peu agréable et les accords en sont peu suivis.

Il n’y a point d’esclaves nègres qui n’aient la vanité de paraître bien vêtus, surtout à l’église, et dans leurs visites mutuelles. Ils s’épargnent tout, et ne craignent point le travail lorsqu’il est question d’acheter pour leurs femmes ou leurs enfans quelque parure qui puisse les distinguer des autres. Cependant l’affection qu’ils ont pour leurs femmes ne va pas jusqu’à les faire manger avec eux, à l’exception du moins des jeunes gens, qui leur accordent cette liberté dans les premières tendresses du mariage. Dans leurs festins, les nègres Aradas ont toujours un chien rôti, et croiraient faire très-mauvaise chère si cette pièce y manquait. Ceux qui n’en ont point, ou qui ne peuvent en dérober un, l’achètent, et donnent en échange un porc deux fois plus gros. Les autres, surtout les nègres créoles, et ceux mêmes