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vis de la grille, qu’elles tiennent ouverte pour faire part du spectacle au peuple ; mais elles n’admettent point d’hommes à leur danse. Dans les îles françaises, on a défendu la calenda par des ordonnances, autant pour mettre l’honnêteté publique à couvert que pour empêcher les assemblées trop nombreuses. Une troupe de nègres, emportée par la joie et souvent échauffée par des liqueurs fortes, devient capable de toutes sortes de violences. Mais les lois et les précautions n’ont encore pu l’emporter sur le goût désordonné du plaisir.

Les esclaves nègres de Congo ont une autre danse plus modeste que la calenda, mais moins vive et moins réjouissante. Les danseurs de l’un et de l’autre sexe se mettent en rond ; et, sans sortir d’une place, ils ne font que lever les pieds en l’air pour en frapper la terre avec une espèce de cadence, en tenant le corps à demi courbé les uns vers les autres, tandis qu’un d’entre eux raconte quelque histoire, à laquelle tous les danseurs répondent par un refrain, et les spectateurs par des battemens de mains. Les nègres Minais dansent en rond et tournent sans cesse. Ceux du cap Vert et de Gambie ont aussi leur danse particulière ; mais il n’y en a point qui leur plaise tant à tous que la calenda. Dans l’impuissance des lois, on s’efforce, dit le P. Labat, de faire substituer à cet infâme exercice des danses françaises, telles que le menuet, la courante, le passe-pied, les branles et les danses rondes. Il s’en trouve