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vail, pour se rendre dans quelque lieu où la danse soit permise. Celle qui leur plaît le plus, et qu’on croit venue du royaume d’Ardra, sur la côte de Guinée, se nomme la calenda. Les Espagnols l’ont apprise des nègres, et la dansent comme eux dans tous leurs établissement de l’Amérique. Elle est d’une indécence qui porte quelques maîtres à la défendre : et ce n’est pas une entreprise facile ; car le goût en est si général et si vif, que les enfans, même dans l’âge où la force leur manque encore pour se soutenir, imitent leurs père et mère auxquels ils la voient danser, et passeraient les jours entiers à cet exercice. Pour en régler la cadence, on se sert de deux instrumens en forme de tambours, qui ne sont que deux troncs d’arbres creusés et d’inégale grosseur. Un des bouts est ouvert ; l’autre est couvert d’une peau de brebis ou de chèvre, sans poil et soigneusement grattée. La plus grande de ces deux machines, qui se nomme simplement le grand tambour, a trois ou quatre pieds de long, sur huit à neuf pouces de diamètre. Le petit, qu’on nomme baboula, est à peu près de la même longueur, mais n’a pas plus de huit à neuf pouces dans l’autre dimension. Ceux qui battent de ces instrumens les mettent entre leurs jambes ou s’asseyent dessus, et les touchent du plat des quatre doigts de chaque main. Le grand tambour est battu avec mesure et posément : mais le baboula se touche avec beaucoup de vitesse, presque sans mesure ; et comme il