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l’église qu’ils se prennent pour, époux ? On pourrait proposer là-dessus bien des cas qui jettent les missionnaires dans de fort grands embarras. L’autorité laïque, la seule qui soit respectée dans l’île, y peut seule apporter de véritables remèdes. »

Les esclaves nègres aiment non-seulement les femmes, mais encore le jeu, la danse, le vin et les liqueurs fortes. Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’un Européen s’en étonne. Le jeu qu’ils ont apporté aux îles, de quelque partie de l’Afrique qu’il soit venu, est une espèce de jeu de dés, composé de quatre bougis, c’est-à-dire de quatre de ces coquilles qui leur servent de monnaie. Un trou qu’elles ont du côté convexe les fait tenir sur cette face aussi facilement que sur l’autre. Ils les remuent dans la main comme on y remue les dés, et les jettent sur une table. Si toutes les faces trouées se trouvent dessus, ou les faces opposées, ou deux d’une sorte et deux d’une autre, le joueur gagne ; mais si le nombre des trous ou des dessous est impair, il a perdu. Quantité de nègres créoles ont appris, par l’exemple de leurs maîtres, à jouer aux cartes. Le P. Labat déplore une habitude qui les rend tout à la fois, dit-il, plus fripons et plus fainéans. La danse est leur passion favorite ; et l’on ne connaît point de peuple qui en ait une plus vive pour cet exercice. Si leur maître ne leur permet point de danser dans l’habitation, ils font trois ou quatre lieues le samedi à minuit, après avoir quitté le tra-