Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son, et les renvoyer contens, en joignant au refus un présent de quelque bagatelle. Lorsqu’il s’élève entre eux quelque différent, ils s’accordent à venir devant leur maître, et plaident leur cause sans s’interrompre. L’offensé commence ; et lorsqu’il s’est expliqué, il déclare à sa partie qu’elle peut répondre. Des deux côtés la modération est égale. Comme il est presque toujours question de quelque bagatelle, ces procès sont bientôt vidés. « Lorsqu’ils s’étaient battus, dit le P. Labat, ou qu’ils s’étaient rendus coupables de quelque larcin bien avéré, je les faisais châtier sévèrement ; car il faut avec eux autant de fermeté que de condescendance. Ils souffrent avec patience les châtimens qu’ils ont mérités ; mais ils sont capables des plus grands excès lorsqu’on les maltraite sans raison ; c’est une règle générale de prudence de ne les menacer jamais. Le châtiment ou le pardon ne doit jamais être suspendu, parce que souvent la crainte les porte à fuir dans les bois ; et telle est l’origine des marrons. » On n’a pas trouvé de moyen plus sûr, pour les retenir, que de leur accorder la possession de quelques volailles et de quelques porcs, d’un jardin à tabac, à coton, à légumes, et d’autres petits avantages de même nature. S’ils s’absentent, et que dans l’espace de vingt-quatre heures ils ne reviennent pas d’eux-mêmes, ou conduits par quelque protecteur qui demande grâce pour eux, ce qu’on ne doit jamais refuser, on confisque