Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous les esclaves nègres ont un grand respect pour leurs vieillards. Jamais ils ne les appellent par leurs noms sans y joindre celui de père ; ils les soulagent dans toutes sortes d’occasions, et ne manquent jamais de leur obéir. La cuisinière de l’habitation n’est pas moins respectée ; et, de quelque âge qu’elle soit, ils la traitent toujours de maman.

Achevons tout ce qui concerne cette malheureuse espèce d’hommes, pour nous épargner l’embarras d’y revenir dans l’article des autres îles. Le même voyageur les représente fort sensibles aux bienfaits, et capables de reconnaissance, aux dépens même de leur vie, mais ils veulent être obligés de bonne grâce ; et s’il manque quelque chose à la faveur qu’on leur fait, ils en témoignent leur mécontentement par l’air dont ils la reçoivent. Ils sont naturellement éloquens ; et ce talent éclate, surtout lorsqu’ils ont quelque chose à demander, ou leur apologie à faire contre quelque accusation. On doit les écouter avec patience, lorsqu’on veut se les attacher. Ils savent représenter adroitement leurs bonnes qualités, leur assiduité au service, leurs travaux, le nombre de leurs enfans et leur bonne éducation ; ensuite ils font rénumération de tous les biens qu’on leur a faits, avec des remercîmens très-respectueux qu’ils finissent par leur demande. Une grâce accordée sur-le-champ les touche beaucoup. Si l’on prend le parti de la refuser, il faut leur en apporter quelque rai-