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le catéchisme, qui se fait en commun soir et matin dans les habitations bien réglées, on charge ordinairement quelques anciens des mieux instruits de donner des leçons aux nouveaux ; et ceux chez lesquels ils se trouvent logés ont un soin merveilleux de les leur répéter, ne fût-ce que pour pouvoir dire au curé que le nègre qu’on leur a confié est en état de recevoir le baptême. Ils lui servent alors de parrains : et l’on aurait peine à s’imaginer jusqu’où va le respect, la soumission et la reconnaissance que tous les nègres ont pour leurs parrains. Les créoles mêmes, c’est-à-dire ceux qui sont nés dans le pays, les regardent comme leurs pères. J’avais, continue le même voyageur, un petit nègre qui était le parrain banal de tous les nègres, enfans ou adultes que je baptisais, du moins quand ceux qui se présentaient pour cet office n’en étaient pas capables, ou pour ne pas savoir bien leur catéchisme, ou pour n’avoir pas fait leurs pâques, ou parce que je les connaissais libertins, ou lorsque je prévoyais quelque empêchement pour leur mariage, s’ils contractaient ensemble une affinité spirituelle. J’étais surpris des respects que je lui voyais rendre par les nègres qu’il avait tenus au baptême. Si c’étaient des enfans, les mères ne manquaient point de les lui apporter aux jours de fêtes ; et si c’étaient des adultes, ils venaient le voir, lui répéter leur catéchisme et leurs prières, et lui apporter quelque petit présent. »