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Non-seulement ces soins les garantissent des maladies dont ils seraient d’abord attaqués, mais avec les habits qu’on leur donne, et la bonté qu’on leur témoigne, ils servent à leur faire oublier leur pays et le malheur de la servitude. Sept ou huit jours après, on les emploie à quelque léger travail, pour les y accoutumer par degrés. La plupart n’en attendent pas l’ordre, et suivent les autres, lorsqu’ils les voient appelés par ce qu’on nomme le commandeur.

L’usage commun pour les instruire et les former au train de l’habitation est de les départir dans les cases des anciens, qui les reçoivent toujours volontiers, soit qu’ils soient de même pays ou d’une nation différente, et qui se font même honneur que le nouveau nègre qu’on leur donne paraisse mieux instruit et se porte mieux que celui de leur voisin. Mais ils ne le font point manger avec eux, ni coucher dans la même chambre ; et lorsque le nouvel esclave paraît surpris de cette distinction, ils lui disent que, n’étant pas chrétien, il est trop au-dessous d’eux pour être traité plus familièrement. Le P. Labat assure que cette conduite fait concevoir aux nouveaux nègres une haute idée du christianisme, et qu’étant naturellement orgueilleux ils importunent sans cesse leurs maîtres et leurs prêtres, pour obtenir le baptême. « Leur impatience est si vive, dit-il, que, s’ils en étaient crus, on emploierait les jours entiers à les instruire. Outre