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grands, mais voleurs ; les Arades, ceux qui entendent le mieux la culture des terres, mais les plus fiers ; les Congos sont les plus petits et les plus habiles pêcheurs, mais ils désertent aisément : les Nagots sont les plus humains, les Mandingues, les plus cruels ; les Minajs, les plus résolus, les plus capricieux, les plus sujets à se désespérer. Enfin les nègres créoles, de quelque nation qu’ils tirent leur origine, ne tiennent de leurs pères que la couleur et l’esprit de servitude ; ils ont néanmoins un peu plus de passion pour la liberté, quoique nés dans l’esclavage ; ils sont aussi plus spirituels, plus raisonnables, plus adroits, mais plus fainéans, plus fanfarons, plus libertins que ceux qui viennent d’Afrique. On comprend tous ces nouveau-venus sous le nom général de Dandas.

On a vu à Saint-Domingue des nègres du Monomotapa et de l’île de Madagascar ; mais leurs maîtres en ont tiré peu de profit. Les premiers périssent d abord, et les seconds sont presque indomptables. À l’égard de l’esprit, tous les nègres de Guinée l’ont extrêmement borné. Plusieurs sont comme hébétés, jusqu’à ne pouvoir compter au-dessus de trois, ni jamais faire entrer l’oraison dominicale dans leur mémoire. Ils n’ont aucune idée fixe : le passé ne leur est pas plus connu que l’avenir ; vraies machines qu’il faut remonter chaque fois qu’on veut les mettre en mouvement. Les deux missionnaires assurent que ceux qui leur at-