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attachent avec un fil de coton passé au centre du croissant. Ils en portent un autre, de même grandeur, à l’entre-deux des narines, d’où il bat sur la bouche. Le dessus de la lèvre inférieure est aussi percé, et soutient un quatrième caracoli, plus grand d’un tiers que les précédens, et dont la moitié passe le menton. Enfin ils en ont un cinquième, de six pouces d’ouverture, qui est attaché avec une petite corde au cou, et qui leur tombe sur la poitrine. Cette multitude de croissans les fait ressembler à des mulets ornés de leurs plaques. Lorsqu’ils ne portent point leurs caracolis, ils remplissent les trous qu’ils ont aux oreilles, au nez et à la lèvre, avec de petits bâtons qui les empêchent de se boucher. Quelquefois ils portent des pierres vertes aux oreilles et à la lèvre ; et s’ils n’ont ni pierres vertes, ni petits bâtons, ni caracolis, ils y mettent des plumes de perroquets, rouges, bleues et jaunes ; qui leur font des moustaches de dix à douze pouces de long, au-dessus et au-dessous de la bouche, sans compter celles qu’ils ont aux oreilles. Leurs enfans ont dans leurs cheveux quantité de plumes de différentes couleurs, attachées d’une manière qui les y tient droites ; et cette parure, dit-on, n’est pas sans grâces. »

Ils ont plusieurs sortes de langage : l’ancien, qui leur est propre et naturel, a de la douceur, sans aucune prononciation gutturale ; mais ils se sont fait un jargon mêlé de mots européens, surtout espagnols, qu’ils ne parlent qu’avec les