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, les cadets se verraient obligés d’en commencer d’autres avec les avances qu’ils recevraient de leurs proches ; et lorsqu’il ne resterait plus de terrain vide à Saint-Domingue, rien ne les empêcherait de s’étendre dans les îles voisines et dans les parties du continent qui appartiennent à la France, ou qui sont encore du droit public. On verrait ainsi des colonies se former d’elles-mêmes, sans qu’il en coûtât rien à l’état. Mais l’inconvénient dont on se plaint n’est pas un mal fort pressant, puisqu’il reste encore à défricher pour plus d’un siècle dans les quartiers de l’île de Saint Domingue.

Quelques-uns prétendent que peu de Français y sont sans une espèce de fièvre interne, qui mine insensiblement, et qui se manifeste moins par le désordre du pouls que par une couleur livide et plombée dont personne ne se garantit. Dans l’origine de la colonie, on n’y voyait arriver personne à l’extrême vieillesse ; et cet avantage est encore assez rare parmi ceux qui sont nés en France. Mais les créoles, à mesure qu’ils s’éloignent de leur souche européenne, devienne plus sains, plus forts, et jouissent d’une plus longue vie ; d’où l’on peut conclure que l’air de Saint-Domingue n’a point de mauvaise qualité, et qu’il n’est question que de s’y naturaliser. À l’égard des nègres, on convient qu’ici, comme dans les autres îles, rien n’est plus misérable que leur condition. Il semble que ce peuple soit le rebut de la na-