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est bien reçu de toutes parts, et s’il est dans le besoin, on lui donne libéralement de quoi continuer son voyage. Si l’on connaît une personne de naissance qui soit sans fortune, l’empressement est général pour lui offrir un asile. On ne lui laisse point l’embarras d’exposer sa situation ; chacun le prévient. Il ne doit pas craindre de se rendre importun par un trop long séjour dans l’habitation qu’il choisit ; on ne se lasse point de l’y voir. Dès qu’il touche à la première, il doit être sans inquiétude pour les commodités de la plus longue route : nègres, chevaux, voitures, tout est à sa disposition ; et s’il part, on lui fait promettre de revenir aussitôt qu’il sera libre. La charité des créoles est la même pour les orphelins. Jamais le public n’en demeure chargé. Les plus proches parens ont la préférence, ou les parrains et les marraines, à leur défaut ; mais si cette ressource manque à quelque malheureux enfant, le premier qui peut s’en saisir regarde comme un bonheur de l’avoir chez soi et de lui servir de père.

Un mal dont on craint, dit-on, de fâcheuses suites, si la partie française de l’île de Saint-Domingue continue de se peupler, c’est qu’il n’y a point de biens nobles, et que tous les enfans ont une part égale à la succession. Si tout se défriche, il arrivera nécessairement qu’à force de divisions et de subdivisions, les habitations se réduiront à rien, et que tout le monde se trouvera pauvre ; au lieu que, si toute une habitation demeurait à l’aî-