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des provinces d’où sont sortis les fondateurs de la colonie, on doit juger qu’il n’y resta plus par la suite aucun vestige du génie de ces anciens aventuriers, auxquels la plupart doivent leur naissance. Ils ont presque tous la taille assez belle et l’esprit ouvert ; mais on nous fait une peinture un peu confuse de leurs bonnes et mauvaises qualités. On les représente tout à la fois francs, prompts, fiers, dédaigneux, présomptueux, intrépides. On leur reproche d’avoir beaucoup d’indolence pour tout ce qui regarde la religion. Cependant on adoucit un peu ces traits en assurant qu’une bonne éducation corrige aisément la plupart de leurs défauts, et trouve en eux un fonds riche. On ajoute que l’héritage qu’ils ont conservé le plus entier de leurs pères, est l’hospitalité, et qu’il semble qu’on respire cette belle vertu avec l’air de Saint-Domingue. Les Américains la portaient fort loin avant la conquête ; et leurs vainqueurs, qui n’étaient pas gens à les prendre pour modèles, y ont d’abord excellé. Il n’est pas vraisemblable non plus que les Français l’aient prise des Espagnols, puisque ces deux nations ont été longtemps dans l’île sans aucune relation de société, et que leur antipathie naturelle ne leur a guère permis de se former l’une sur l’autre. Enfin l’on assure que les nègres mêmes s’y distinguent, et d’une manière admirable, dans des esclaves à qui l’on fournit à peine les nécessités de la vie. Un voyageur peut faire le tour de la colonie française sans aucune dépense. Il