Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il leur entend dire que tous les grands d’Espagne n’en portent plus d’autres.

La plupart des chapeaux qu’on leur porte doivent être gris. Il faut que la forme soit plate, les bords larges, et surtout que la coiffe soit de satin de couleur. Qu’ils soient vieux ou neufs, de castor ou de loutre, on les vend avec avantage, pourvu qu’ils soient propres et bien lustrés. Ils se vendaient autrefois quarante et cinquante piastres ; et quoique ce prix soit fort diminué depuis que les Français en ont porté un trop grand nombre, on y fait encore de très-grands profits. Les bas de soie sont les seuls qui se vendent, clairs, bons ou mauvais, n’importe. L’usage des Espagnols de Saint-Domingue est d’en porter deux paires, une de couleur par-dessus, et l’autre noire. Enfin, quoique le commerce étranger soit rigoureusement défendu aux sujets, les gouverneurs et les autres officiers se dispensent si généralement de cette loi, que la difficulté, pour les étrangers, n’est qu’à se faire instruire de ce qui leur plaît, et qu’à leur ouvrir des voies pour sauver les apparences.

C’est du P. Charlevoix, ou plutôt du P. Pers, dont il fait profession de suivre les mémoires, qu’il faut emprunter quelques observations sur le caractère des habitans de la partie française de Saint-Domingue. On comprend sous ce nom les créoles français et les nègres. Si l’on s’apercevait, dès 1726, que les premiers commençaient à se ressentir moins du mélange