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dit-il, l’occasion de s’accommoder d’une chose sans qu’elle leur coûte rien, jamais ils ne la laissent échapper ; et si l’on s’aperçoit de quelque subtilité, on ne doit les en avertir que d’un ton civil, en feignant de la prendre pour une méprise, si l’on ne veut s’exposer à de fâcheuses querelles. » La meilleure marchandise qu’on puisse porter dans tous les lieux qui sont en relation avec les mines, est le vif-argent. On donne poids pour poids, c’est-à-dire, une livre d’argent pour une livre de mercure, profit immense, puisqu’il faut seize piastres pour le poids d’une livre, et que le mercure n’en vaut qu’une. Ceux qui veulent y gagner encore plus se font payer poids pour poids, en petites monnaies, telles que des réales et des demi-réales, qu’on trouve ensuite l’occasion de donner en compte : il y a souvent deux, et même trois écus de profit par livre. Le commerce avec les Espagnols a ses difficultés. Les acheteurs sont bizarres et capricieux. Il faut savoir se relâcher sur quelque marchandise, et le faire sentir d’une manière fine. Comme ils se piquent de politesse et de générosité, on est sûr de réparer bientôt sa perte en leur remplissant la tête de fumée. Les Anglais et les Hollandais excellent dans ces petites ruses. Qu’un Espagnol, qui vient acheter une platille pour faire deux chemises, s’obstine à demeurer au-dessous du prix, ils ne laissent pas de la donner ; mais ensuite ils lui font voir des dentelles, qu’il ne manque pas acheter dix fois plus qu’elles ne valent, lors-