Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

page est sur le pont, armes en main, avec le capitaine, pour faire les honneurs, offrir des rafraîchissemens aux Espagnols qui arrivent, les reconduire civilement ; et s’il vient quelques personnes de distinction qui fassent des emplettes considérables, on n’oublie point, à leur départ, de les saluer de quelques coups de canon. Ces honneurs, qui flattent leur vanité, tournent toujours au profit des marchands. Cependant il ne faut jamais cesser d’être sur ses gardes, ni se trouver le plus faible à bord ; car, s’ils trouvent l’occasion de se saisir de la barque, il est rare qu’ils la manquent ; ils la pillent et la coulent à fond avec l’équipage, pour ne laisser personne qui puisse révéler leur perfidie. Sur la moindre plainte, dans un cas de cette nature, ils seraient forcés à la restitution de tout ce qu’ils auraient pillé, non pas à la vérité en faveur des propriétaires, mais au profit des officiers de leur prince, qui s’approprieraient tout à titre de confiscation. Au reste, le religieux voyageur assure que c’est une pratique constante, non-seulement sur les côtes de Saint-Domingue, mais sur celles de la Nouvelle Espagne, des Caraques et de Carthagène, et qu’un grand nombre de Français, d’Anglais et de Hollandais en ont fait une triste expérience. »

Il ajoute, pour l’instruction des marchands et des voyageurs, que, dans les mêmes occasions, il ne faut pas veiller moins soigneusement sur les mains des Espagnols. « Lorsqu’ils trouvent,