Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui n’est pas scellée, par laquelle on prend le temps de la nuit pour les faire sortir et pour mettre à la place des caisses d’indigo, de cochenille et de vanille, de l’argent en barres ou monnayé, et d’autres marchandises. Aussitôt que le négoce est fini, la voie d’eau se trouve bouchée, le mât assuré, et le bâtiment prêt à mettre à la voile. C’est ainsi que se débitent les plus grosses cargaisons. À l’égard des moindres, qui viennent ordinairement dans des barques françaises, anglaises, hollandaises et danoises, on les conduit aux Estères, c’est-à-dire, aux lieux d’embarquement qui sont éloignés des villes, ou dans les embouchures des rivières. On avertit les habitations voisines par un coup de canon, et ceux qui veulent trafiquer s’y rendent dans leurs canots. C’est la nuit qu’on fait ce commerce ; mais il demande beaucoup de précautions, et surtout de ne laisser jamais entrer dans le bâtiment plus de monde qu’on ne se trouve en état d’en chasser, si l’on se voyait menacé de quelque insulte. Cette espèce de commerce se nomme traite à la pique : on n’y parle jamais de crédit ; elle se fait argent comptant, et les marchandises présentes. L’usage est de faire devant la chambre, ou sous le gaillard de la barque, un retranchement avec une table sur laquelle on étale les échantillons des marchandises. Le marchand ou son commis, à la tête de quelques gens armés, est derrière la table ; d’autres sont au-dessus de la chambre ou sur le gaillard. Le reste de l’équi-