Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vont à la Jamaïque en éprouvent souvent les dangers ; et depuis peu de jours il s’en était perdu un dont les débris n’avaient pas été inutiles au quartier français.

« Le commerce des Espagnols de l’île était fort lucratif, dit le père Labat, avant que les français eussent trouvé le secret d’en perdre les avantages, en y portant une trop grande quantité de marchandises ; non qu’ils en eussent la liberté, car il n’est permis à aucune nation d’aller traiter chez les Espagnols ; ils confisquent tous les bâtimens qu’ils trouvent mouillant sur leurs côtes, ou même à quelque distance, lorsqu’ils y trouvent des marchandises de leur fabrique ou de l’argent d’Espagne ; mais cette loi, comme la plupart des autres, reçoit quantité de modifications. Si l’on veut entrer dans un de leurs ports pour y faire le commerce, on feint d’avoir besoin d’eau, de bois, ou de vivres. Un placet qu’on fait présenter au gouverneur expose les embarras du bâtiment. Quelquefois c’est un mât qui menace ruine, ou une voie d’eau qu’on ne peut trouver sans décharger les marchandises. Le gouverneur se laisse persuader par un présent, et les autres officiers ne résistent pas mieux à la même amorce. On obtient la permission d’entrer dans le port pour chercher le mal et pour y remédier. Nulle formalité n’est négligée. On enferme soigneusement les marchandises, on applique le sceau à la porte du magasin par laquelle on les fait entrer ; mais on a soin qu’il y en ait une autre,