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de la mer, sans buissons et sans eau, en contient des légions qui se nichent dans les trous des crabes, sous les toits des édifices, et qui, remplissant l’air aussitôt que le soleil est couché, se rendent insupportables par leurs cruelles piqûres. Dans le fond de l’île Avache, leur persécution se fait sentir en plein jour, et va si loin, qu’elle oblige les maîtres des habitations de donner une sorte de bottines à leurs esclaves, pour leur couvrir les jambes et les pieds. Cependant on se flattait que cette incommodité pourrait diminuer à mesure que le terrain viendrait à se défricher, et surtout lorsque les bords de la mer seraient entièrement découverts.

Labat compte entre les richesses de cette côte de beaux coquillages, dont il rapporta un fort grand nombre. Le gouverneur de l’île Saint-Louis lui donna quelques pierres légères que la mer y amène pendant les grands vents du sud. Il en vante une « de deux pieds et demi de long sur dix-huit pouces de large, et d’environ un pied d’épaisseur, qui ne pesait pas tout-à-fait cinq livres : elle était blanche comme la neige, bien plus dure que les pierres de ponce, d’un grain fin, ne paraissant point poreuse, et bondissant néanmoins comme le meilleur ballon, lorsqu’on la jetait dans l’eau. À peine y enfonçait-elle d’un demi-travers de doigt. Il y fit faire, dit-il, quatre trous de vrillière pour y planter quatre bâtons et soutenir deux petites planches fort légères qui renfermaient les pierres dont il essaya de la charger :