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sont arrondis par les deux extrémités. Les naturels du pays avaient l’art de les fendre au milieu de leur longueur, et de les creuser, pour en faire des espèces de tourtières ovales, d’un peu plus d’un pouce d’épaisseur, qui résistaient au grand feu. On en fit présent d’une à Labat, avec deux ou trois petites figures de terre cuite, trouvées dans des grottes qu’on avait découvertes entre les falaises. Quelques habitans du quartier l’assurèrent qu’ils avaient trouvé dans les montagnes d’autres grottes fort profondes et remplies d’ossemens humains. C’étaient vraisemblablement les anciennes sépultures des Américains. Peut-être y mettaient-ils aussi leurs richesses ; car on voit des traces de cet usage dans tous les pays du monde ; mais les habitans français sont peu tentés de remuer ces os, parce qu’ils ne peuvent douter que les Espagnols, qui ont été long-temps maîtres des mêmes lieux, ne les aient visités très-soigneusement.

Dans plusieurs endroits du fond de l’île Avache, on trouve des cuves de maçonnerie qui ne laissent aucun doute que les Espagnols n’aient fait de l’indigo dans tout ce quartier. Labat, persuadé qu’en effet les terres y sont aussi propres que celles des Indes orientales et de la Nouvelle Espagne, regretta qu’elles ne fussent pas mieux peuplées, et prédit qu’elles le seraient un jour. Cependant il avoue que c’est le véritable pays des moustiques, des maringoins, des vareurs et d’autres ennemis des hommes et des bestiaux. L’île même de Saint-Louis, quoique environnée