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ce beau canton demeura désert, et les arbres y étaient revenus. La plupart ne sont, à la vérité, que des bois tendres, mais en fort grand nombre, très-hauts, gras et fort pressés, ce qui n’est pas une petite preuve de la bonté du terrain. » On juge que les habitations espagnoles n’avaient pas plus de quatre à cinq cents pas de large, parce que toute la plaine est partagée en divisions de cette grandeur par des épaisseurs d’arbres de haute futaie, qu’on nomme dans le pays raques de bois, et qui ressemblent à celles qui se trouvent dans le milieu des forêts ou dans les montagnes qu’on n’a jamais défrichées. Les Espagnols suivaient apparemment cette méthode pour séparer leurs habitations, pour conserver des retraites à leurs bestiaux pendant la grande chaleur du jour, et pour avoir toujours des bois de charpente à leur disposition. Mais ces trois utilités étaient accompagnées d’un inconvénient : les raques, empêchant le mouvement de l’air, contribuaient à sa corruption, et devaient nuire beaucoup à la santé.

On trouve sans cesse dans les terres de cette plaine des fers à cheval et d’autres ferremens à l’espagnole. On y trouve aussi d’anciens meubles américains, tels que des pots et des marmites de terre, avec une sorte de cailloux couleur de fer, d’un grain compacte et très-fin. La plupart de ces cailloux ont deux pieds à deux pieds et demi de longueur, quinze à dix-huit pouces de large, et huit à neuf d’épaisseur : ils