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mulâtres et des nègres libres qui cultivent les plus beaux cacaoyers du monde. Leur manière d’élever les enfans, consiste à leur donner le matin, pour tout le jour, une jatte de chocolat avec du maïs écrasé. Une nourriture si simple les préserve de toutes sortes de maladies, et les rend plus forts qu’on ne l’est ordinairement à cet âge.

Labat passa de l’île Saint-Louis à la Grande-Terre pour visiter un quartier qu’on nomme le Fonds de l’île Avache. C’est une très-grande plaine, dont le bord de la mer fait une anse en forme de croissant fort ouvert, masqué par l’île Avache, qui est éloignée de la Grande-Terre d’environ trois lieues. Quoique cette île, qui en a cinq ou six de longueur, paraisse couvrir l’anse, son éloignement empêche qu’elle lui soit fort utile. La mer, qui brise rudement à la côte, y rend l’embarquement et le mouillage également difficiles. Les flibustiers mouillaient apparemment près de l’île lorsqu’ils venaient faire leurs partages dans ce quartier. Labat fit jusqu’à douze lieues dans le fond de l’île Avache, et trouva non-seulement le pays fort beau, mais la terre grasse, profonde, et propre à toutes sortes de productions. « Il est certain, dit-il, que les Espagnols, et les Américains avant eux, ont habité toute cette partie de la Grande-Île. Les premiers l’abandonnèrent pour aller s’établir au Mexique après la conquête de Fernand Cortez ; et comme ils avaient déjà détruit tous les habitans naturels,