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et du danger ; il n’y avait que les chasseurs, c’est-à-dire les boucaniers, qui fussent capables de l’entreprendre, parce qu’ils connaissaient tous les détours des montagnes, et qu’ils étaient faits aux plus rudes marches ; mais loin de souhaiter la réduction des nègres, ils trouvaient de l’avantage à tirer d’eux des chevaux sauvages, des cuirs, et des viandes toutes boucanées, pour de la poudre, des balles, des armes, des toiles et d’autres secours qu’ils leur donnaient en échange. Cependant, comme ce trafic ne pouvait être secret, et qu’on en murmurait hautement, ils offrirent, pour l’honneur de leur fidélité, de marcher à la manière des flibustiers, c’est-à-dire à condition que ceux qui reviendraient estropiés auraient six cents écus, ou six nègres ; que les nègres qui seraient pris leur appartiendraient, et que, pour la sûreté des estropiés, toute la colonie s’obligerait solidairement. Ces conditions furent rejetées, parce que le profit n’aurait été que pour les chasseurs. En général, le maître d’un nègre fugitif est obligé de payer vingt-cinq écus à celui qui le prend hors des quartiers français, et cinq écus seulement pour ceux qu’on prend dans les quartiers, mais hors de leur habitation.

On ne compte qu’environ vingt-cinq lieues de l’île de Saint-Louis au Petit-Goave ; et dans cette route on trouve un quartier, nommé le Fonds des Nègres, qui est une pépinière de cacao et d’enfans. La plupart sont des habitans