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leur a donné cet instinct pour épouvanter les caïmans, ou pour les obliger de faire quelque mouvement qui, servant à les faire découvrir puissent donner le temps de les éviter par la fuite. Les chiens sauvages et ceux de chasse ont le même instinct : ils s’arrêtent sur les bords des rivières, ils japent de toutes leurs forces, et s’ils voient remuer quelque chose, ils se privent de boire, et quittent plutôt leurs maîtres que de se mettre en danger d’être dévorés ; souvent les chasseurs se voient forcés de les porter dans leurs bras. Ce qu’on nomme ici chiens sauvages est une race singulière, descendue sans doute, comme à Buénos-Ayres et dans d’autres lieux, de quelques chiens domestiques que les chasseurs ont laissés dans les bois. Ils ont presque tous la tête plate et longue, le museau effilé, l’air féroce, le corps mince et décharné : ils sont fort légers à la course, et chassent en perfection. Les habitans leur donnent le nom de casque, sans qu’on en connaisse l’origine ; ils vont en meute, et ne cessent point de multiplier, quoiqu’on en tue beaucoup : les plus jeunes s’apprivoisent aisément. »

Le P. Labat compte treize lieues de l’Estère au Cul-de-Sac, et se plaint des chemins qu’il trouva fort incommodes, mais qu’il était aisé, dit-il, de rendre moins difficiles. À l’occasion des nègres marrons, ou fugitifs , qui s’étaient réfugiés, au nombre de six à sept cents, dans un canton de l’île nommé la Montagne noire,