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la dépense d’un carrosse : les cochers et les postillons sont des nègres auxquels on ne donne point de gages, et dont on tire d’autres services ; les chevaux paissent toute l’année dans les savanes, et le peu de mil qu’on leur donne se cueille sur l’habitation. D’ailleurs ils ne sont pas chers, à moins qu’ils ne soient d’une taille et d’une beauté fort distinguées. On en trouve des légions dans les bois et dans les grandes savanes incultes. Leurs airs de tête font reconnaître qu’ils viennent tous de race espagnole ; quoiqu’on y remarque, dans chaque canton, des différences qui viennent apparemment de celle de l’air, des eaux et des pâturages. Aux environs de Nippes, il se trouve des chevaux qui ne sont pas plus grands que des ânes, mais plus ramassés, et d’une admirable proportion, vifs, infatigables, d’une force et d’une ressource surprenantes.

» On prend quantité de chevaux sauvages dans les routes des bois qui conduisent aux savanes et aux rivières, avec des éperlins, c’est-à-dire, des nœuds coulans de corde ou de liane ; quelques-uns, surtout les vieux, s’épaulent ou se tuent, en se débattant lorsqu’ils sont pris ; les jeunes font moins d’efforts, et se laissent plus facilement dompter. La plupart sont ombrageux, et l’on parvient rarement à les guérir de ce vice ; s’ils entrent dans une rivière, ils hennissent et frappent des pieds dans l’eau, en regardant de toutes parts avec une sorte d’effroi. On juge que la nature