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demandent pas un grand attirail ni beaucoup de nègres, et qu’elles mettent les habitans en état de faire des sucreries, avantage auquel ils aspirent tous, non-seulement pour le profit qu’il rapporte, mais encore parce qu’une sucrerie les met au rang des gros habitans ; au lieu que l’indigo les retient dans la classe des petits. »

Les patates, les ignames, les bananes et les figues viennent mieux à Léogane, et sont de meilleur goût que dans les îles du Vent ; ce qu’on n’attribue pas moins à la chaleur de la terre qu’à sa profondeur : la Martinique et la Guadeloupe sont néanmoins plus près de la ligne ; mais ces petites îles sont rafraîchies sans cesse d’un vent frais de nord-est, au lieu que la plaine de Léogane, étant à l’extremité occidentale d’une très-grande île qui a de fort hautes montagnes, est presque entièrement privée de ce secours. La chaleur s’y renferme et s’y concentre jusqu’au point qu’elle brûlerait entièrement les potagers, si l’on n’avait soin d’élever sur les planches nouvellement semées des espèces de toits qu’on couvre de broussailles pour les défende de l’ardeur du soleil, sans leur ôter tout-à-fait l’air.

« Dès le commencement de ce siècle, on voyait à Léogane un grand nombre de carrosses et de chaises : il n’y avait presque plus que les petites habitans qui allassent à cheval. L’entretien d’un équipage est aisé lorsqu’on a fait