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qu’ils ne peuvent ni monter ni descendre ; et les jambes n’ayant pas encore toute leur grosseur à cet âge, elles ne peuvent croître avec les années sans se trouver pressées jusqu’à rendre le mollet plus gros et plus dur qu’il ne l’aurait été naturellement. Outre l’épaisseur du tissu, les extrémités de ces brodequins ont un rebord d’un demi-pouce de large par le bas, et du double par le haut, assez fort pour se soutenir par lui-même comme le bord d’une assiette ; ce qui n’est pas sans agrément aux jambes d’une femme : mais il faut qu’elles conservent cette chaussure toute leur vie, et qu’elles l’emportent avec elles au tombeau.

» Lorsqu’une fille a reçu le camisa et les brodequins, elle ne vit plus avec les garçons dans la familiarité de l’enfance ; elle se retire près de sa mère, et ne s’en éloigne plus : mais il est rare qu’avant cet âge elle n’ait pas été demandée par quelque jeune homme, qui la regarde alors comme sa femme, en attendant qu’elle puisse l’être réellement. Ce choix se fait dès l’âge de quatre ou cinq ans, et presque toujours dans la famille. À l’exception des frères et des sœurs, il est si libre pour tous les degrés du sang et pour la pluralité des femmes, que le même homme prend trois ou quatre sœurs, qui sont ses nièces ou ses plus proches cousines. Ils ont pour principe que de jeunes filles élevées ensemble s’en aimeront mieux, vivront en meilleure intelligence, se rendront