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prince. On assure même qu’elle y a fini ses jours, et l’on voit encore les restes d’un château où l’on suppose qu’elle faisait sa demeure. Il doit avoir été considérable, si l’on en juge par ses ruines. Cet édifice, qu’on nomme aujourd’hui le grand Boucan, est à deux lieues de l’Estero. » Labat y trouva quelques voûtes entières, grandes et d’un beau travail. Il en resterait beaucoup plus, si les habitans ne les avaient démolies pour faire servir les briques aux cuves de leur indigoteries. Ce qu’il y a de plus entier est un aqueduc qui conduit l’eau de la rivière au château. Il a plus de cinq cents pas de long. Sa largeur par le bas est d’un peu plus de huit pieds, qui se resserrent à quatre et demi par le haut. La rigole en a deux et demi de large sur dix-huit à vingt pouces de profondeur. Le château était bâti sur un terrain de quelque hauteur, au milieu d’une vaste savane. L’air y est très-pur, et si l’on y bâtissait une ville, la rivière, qu’il ne serait pas difficile d’y faire passer, y apporterait mille commodités ; aussi s’était-on proposé d’y transférer Léogane, et l’on regrette que ce projet n’ait pas eu d’exécution. Le conseil supérieur et la justice ordinaire de Saint-Domingue s’étaient avisés de gratifier le roi du titre de prince de Léogane, qu’ils ne manquaient jamais de lui donner dans leurs arrêts, après les qualités de roi de France et de Navarre, comme on lui donne celui de comte de Provence ; mais la cour les a remerciés de ce présent, avec dé-