Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien de superbe pour la matière et l’architecture, on y remarque de la noblesse et du goût. Le terrain est plat et fort uni ; la terre, grasse, bonne et profonde. Je trouvai le bourg de l’Estero digne du pays. La plupart des maisons n’étaient que de charpente, palissadées de planches, et couvertes d’essentes, mais à deux étages, bien prises, occupées par de riches marchands et par un bon nombre d’ouvriers, avec quantité de magasins. Elles composaient plusieurs rues larges et bien percées ; en un mot, tout s’y ressentait de la politesse du quartier, qui était celui du beau monde, la résidence du gouverneur, celle du conseil, et le séjour des plus riches habitans. L’église paroissiale, sans pouvoir passer pour magnifique, était d’une propreté décente. C’était un bâtiment de quatre-vingts pieds de long sur trente de large, dont le comble en enrayure n’était pas sans grâce. L’autel était bien orné, les bancs disposés dans une belle symétrie, et le plain-pied revêtu d’un bon plancher, avec des balustrades et des contre-vents. La maison du gouverneur était grande et commode, précédée d’une belle avenue, et la salle entourée des portraits de tous les gouverneurs de Carthagène.

» On prétend que tout ce pays, depuis la rivière de l’Artibonite jusqu’à la plaine de Jaquin, qui est du côté du sud, fut érigé en principauté par Philippe iii, roi d’Espagne, en faveur d’une fille naturelle de ce