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plupart des maisons étaient de fourches en terre, couvertes de tasches ; quelques-unes de charpente à double étage, couvertes d’essentes ou de bardeaux : on en comptait environ soixante, occupées par des marchands, par quelques ouvriers, et par un grand nombre de cabarets ; le reste servait de magasins où les habitans mettaient leur sucre et leurs autres marchandises, en attendant la vente ou l’embarquement. L’église paroissiale était éloignée du bourg d’environ deux cents pas, si couverte de halliers qu’on avait peine à la découvrir, et d’une saleté qui me fit penser que Notre Seigneur n’avait pas été logé si malproprement depuis qu’il était sorti de l’étable de Bethléem.

» Nous passâmes à l’Estero, qui est un bourg à trois lieues de la Petite-Rivière. Si j’avais été peu satisfait du pays d’où nous sortions, j’admirai au contraire la beauté de celui qui succédait, surtout celle des terres et des chemins. Je me croyais dans les grandes allées du parc de Versailles. Ce sont des routes de six à sept toises de large, tirées au cordeau, bordées de plusieurs rangs de citronniers plantés en haies, qui font une épaisseur de trois à quatre pieds, sur six à sept de hauteur, et taillés par les côtés et le dessus comme on taille le buis ou la charmille. Les habitations qui se présentent dans ces beaux lieux ont de belles avenues de chênes ou d’ormes plantés à la ligne ; et quoique les édifices qui les terminent n’aient