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toute espèce. On est persuadé que le froment viendrait très-bien dans la plupart des quartiers de Saint-Domingue ; mais les plus riches habitans trouvent mieux leur compte à faire acheter des farines de France ou de Canada, et les pauvres à se contenter d’autres grains, de patates et de légumes. Les volailles qu’on élève sont les poules d’Inde, des pintades, des paons et des pigeons. Plusieurs habitans ont des bêtes à cornes, des haras de chevaux, des mulets et des porcs qu’ils nourrissent à peu de frais, dans leurs savanes, de l’herbe qui y croît, et des bouts de cannes qu’on y jette. Tout multiplie merveilleusement dans un climat où toutes les saisons sont également fécondes.

Le P. Labat fit un voyage dans l’île. Nous allons le laisser parler, pour que l’on se fasse une idée de ce qu’elle était alors. « Nous partîmes du port de Paix le mercredi matin 12 janvier, et le jeudi à midi nous nous trouvâmes à la pointe du cap Saint-Nicolas, par le travers d’une pointe plate, qu’on nomme le Moule, ou plutôt Môle. On prétend que ce canton a des mines d’argent ; c’est un pays sec, assez propre pour la production de ce métal et de l’or, qui ne se trouve jamais dans de bonnes terres. Une anse profonde et bien couverte, qui est à côté du môle, est la retraite des corsaires en temps de guerre, et des forbans en temps de paix. C’est à cette pointe ou môle que commence une grande baie de plus de