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Toute la plaine du Cap est coupée par des chemins de quarante pieds de large tirés au cordeau, et la plupart bordés de haies de citronniers, assez épaisses pour servir de barrière contre les bêtes. Divers particuliers ont aussi planté de longues avenues d’arbres qui conduisent à leurs plantations. Cependant la chaleur y serait excessive pendant six mois de l’année, comme dans la plupart des autres plaines de l’île, si l’air n’y était rafraîchi par la brise. Les nuits y sont d’ailleurs assez fraîches ; mais on représente les vallées qui sont entre les montagnes voisines comme le règne d’un printemps perpétuel. La terre et les arbres y sont toujours chargés de fruits et couverts de fleurs. Les ruisseaux qui serpentent de toutes parts, ou qui tombent d’en haut des rochers, roulent des eaux d’une fraîcheur surprenante. On y respire en tout temps un air fort sain. Les nuits, plus froides que chaudes pendant une bonne partie de l’année, obligent de s’y couvrir comme en France. Aussi les habitans de la plaine n’ont-ils pas de remède plus sûr contre les effets d’une excessive chaleur que d’aller respirer l’air et boire de l’eau des montagnes. Entre les bonnes qualités des eaux, on les juge détersives et fort apéritives, parce qu’on n’a jamais connu dans les vallées ni la pierre, ni la gravelle, ni la dysurie. Quoique l’eau soit la boisson ordinaire des nègres et des plus pauvres habitans, ils peuvent à peu de frais la changer en limonade, puisqu’il