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ques ou deux cents milliers de sucre ; car, toute déduction faite, le poids net de chaque barrique est de cinq cents livres.

» Pendant fort long-temps on n’avait osé faire que de l’indigo dans les montagnes : une heureuse hardiesse y a fait planter des cacaoyers, dont on espère les plus grands avantages. Le tabac en apporterait d’immenses, si celui de Saint-Domingue n’était pas interdit en France : il n’y a que les Dunkerquois qui s’en chargent, parce que leur port est franc. Le café est une nouvelle richesse de la colonie, et semble promettre d’en faire bientôt un des principaux commerces. On assure que l’arbre y croît aussi vite, et n’y devient pas moins beau que s’il était naturel au pays ; qu’il fleurit dans l’espace de dix-huit mois, et qu’il ne demande que du temps pour acquérir toute sa perfection. Il y a beaucoup d’apparence que la cannelle, le girofle, la muscade et le poivre pourraient être utilement cultivés à Saint-Domingue ; mais ces essais veulent du courage et de la constance. Le coton, le gingembre, la soie et la casse, qui étaient autrefois les plus grandes richesses de la colonie espagnole, ne pourraient-ils pas, demande Labat, rapporter aujourd’hui les mêmes avantages aux Français ? »

En 1726, les paroisses de la plaine du Cap étaient, l’une portant l’autre, de trois mille âmes au moins ; mais pour un habitant libre il y avait dix esclaves. Dans la ville, où l’on