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se disperser dans les habitations, et devinrent plus utiles à la colonie par leur travail qu’ils ne l’avaient été par cette longue suite d’expéditions qui feront l’étonnement de la postérité. Le gouvernement de Saint-Domingue fut érigé en gouvernement général.

Ce fut de 1700 à 1722 que le P. Labat et le P. Charlevoix visitèrent Saint-Domingue. L’extrait de leur voyage fera connaître l’état de la colonie à cette époque.

« La plaine du Cap, dit le P. Charlevoix, qui visita la colonie en 1722, a la mer pour limite au nord ; au sud, elle est resserrée par une chaîne de montagnes, qui n’a nulle part moins de quatre lieues de profondeur, et qui, dans quelques endroits, en a jusqu’à huit. Ces montagnes renferment les plus belles vallées du monde, coupées d’une multitude infinie de ruisseaux, qui les rendent également agréables et fertiles. Les montagnes mêmes n’ont rien d’affreux : la plupart ne sont pas d’une hauteur extraordinaire ; plusieurs sont fort habitables, et peuvent être cultivées jusqu’à la cime.

» La ville du Cap-Français est presqu’au milieu de la côte qui borde cette plaine ; et depuis long-temps c’est le plus fréquenté de tous les ports de l’île : sa situation le rend non-seulement très-sûr, mais fort commode pour les navires qui viennent de France. Il est ouvert au seul vent du nord-est, dont il ne peut même recevoir aucun dommage, parce que l’entrée est toute semée de récifs qui rompent