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s’établissent puissamment dans ceux qui seraient abandonnés. Mais il paraît que du Casse fut d’un autre avis, et que son autorité l’emporta. On continua les établissemens dans tous les postes jusqu’en 1701, où l’avénement du duc d’Anjou à la couronne d’Espagne rendit les Français tranquilles du côté des Espagnols. La guerre que les deux nations eurent ensuite à soutenir contre les alliés de la maison d’Autriche fut poussée avec une grande variété d’événemens, qui n’empêchèrent point qu’en 1704 il ne se fît quelque changement dans le gouvernement spirituel de la colonie. On a représenté l’état de la religion sous les boucaniers. Lorsqu’ils eurent commencé à sortir de leur barbarie, une paroisse, à mesure qu’elle se formait, était desservie par le premier prêtre qui venait s’offrir ; ensuite la plupart de celles du nord étaient passées entre les mains des PP. capucins. Mais l’air du pays se trouvant si contraire à l’habillement et au genre de vie des religieux de cet ordre, qu’ils y mouraient presque tous, ils demandèrent la liberté de se retirer. Les jésuites furent chargés des cures qu’ils abandonnaient, et les dominicains eurent les paroisses des côtes du sud et de l’ouest.

Enfin la tranquillité générale, qui fut rétablie en 1714 par le traité d’Utrecht, mit la colonie française de Saint-Domingue en état de se peupler et de s’établir solidement. Ce fut alors que les flibustiers, se voyant réduits à l’oisiveté, prirent en grand nombre le parti de