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de les soulager. La plupart furent conduits au Petit-Goave, où ils furent reçus comme des frères. Le gouverneur, ayant su que Smith s’était retiré à la Jamaïque, et qu’il y avait eu le front d’assurer qu’il avait remis ses passagers à leur destination, envoya demander justice de ce perfide au général anglais. D’un autre côté, on vit arriver, au Cul-de-Sac une grande barque anglaise, chargée aussi de trois cents Français de l’un et de l’autre sexe, qui avaient été conduits de Saint-Christophe à l’île de Sainte-Croix, où l’on avait refusé de les recevoir. Les commandans de Saint-Domingue, plus humains, les distribuèrent dans les meilleures habitations de leur dépendance, où leur établissement devint fort utile. De toutes les colonies françaises de l’Amérique, celle de Saint-Christophe avait toujours été la mieux policée, et la dispersion qui se fit de ses habitans dans toutes les autres y porta, dit-on, de la politesse, des sentimens et des principes d’honneur et de religion qui n’y étaient guère connus.

En 1691, sous le gouvernement de du Casse, on proposa de réunir tous les quartiers, alors occupés par les Français de l’île de Saint-Domingue, à ceux de l’île Avache et du Cap-Français ; on donnait pour motif qu’outre la bonté de leurs ports ces deux quartiers sont les seuls capables de contenir un assez grand nombre d’habitans pour faire une grande résistance, et que, par la même raison, il n’était pas à craindre que les ennemis de la France