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que profit à faire sur les prises des flibustiers.

D’Ogeron ayant donné ses principaux soins à la grande île, son successeur fut surpris de trouver celle de la Tortue presque abandonnée. En vain s’efforça-t-il de la repeupler ; et les mêmes efforts ne réussirent pas mieux au gouverneur qui lui succéda. On prétendait que le terrain avait perdu sa première fertilité ; et quoiqu’il y restât quelques habitans, à qui le pouvoir ou l’occasion avait peut-être manqué pour se transporter dans un autre lieu, il ne s’y forma presque plus de nouvelles habitations. Aujourd’hui elle est absolument déserte. Ce fut le quartier du port de Paix qui tira le plus d’avantages de ses débris. Ce poste, le plus important de la colonie, demandait un fort, que l’abandonnement de la Tortue rendait encore plus nécessaire pour la sûreté du canal qui les sépare. Il fut élevé.

Les Anglais s’étant saisis de Saint-Christophe en 1690, une partie des habitans français de cette île fut transportée à la Martinique, et les autres furent destinés pour Saint-Domingue, qui reçut un accroissement considérable de cette révolution. Quantité de ces fugitifs arrivèrent au port de Paix, où l’on s’empressa de leur distribuer des terres. Il en restait à Saint-Christophe environ trois cents, hommes, femmes, galériens, nègres et mulâtres, que le général anglais remit à la conduite d’un homme de sa nation, nommé Smith, qui s’était fait naturaliser dans la partie française de cette colonie. Ils parti-