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grands profits. On ignore quelle réponse le ministère fit à ces articles ; mais il paraît qu’on n’en obtint rien, et que les années suivantes la colonie se vit plusieurs fois à la veille de sa perte par la langueur du commerce ou par le désespoir des habitans. Enfin la fabrique de l’indigo, qui devint considérable, jeta beaucoup d’argent dans le pays, et mit quantité de particuliers en état de monter des sucreries. À l’égard du coton, on y renonça bientôt, et les cotonniers furent arrachés, par la seule raison qu’un nègre ne pouvait filer dans l’espace d’un an assez de coton pour dédommager son maître du prix qu’il lui coûtait et des frais de son entretien ; objection difficile à comprendre, car ces esclaves africains devaient être exercés à ce travail ; et, dans la plus grande splendeur de la colonie espagnole, le coton avait fait une de ses principales richesses, après la destruction même des Américains, c’est-à-dire lorsqu’il n’était fabriqué que par les nègres. Il est incertain dans quel temps on entreprit de planter les cacaoyers ; mais, quoique dans la suite ils aient péri par des causes fort obscures, on prétend que, de toutes les marchandises qu’on a tirées de Saint-Domingue, c’est celle qui a le plus contribué à peupler la colonie. Enfin le rocou faisait encore un des plus grands revenus de cette île ; objet faible néanmoins, et qui n’aurait point empêché la plupart des habitans de chercher une autre retraite, s’ils n’eussent trouvé quel-