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immobile. Cet animal vit de fruits sauvages : lorsqu’il n’en trouve point à terre, il monte péniblement sur l’arbre qu’il en voit le plus chargé, il en abat autant qu’il peut pour s’épargner la peine de remonter. Après avoir fait sa provision, il se met en peloton, et se laisse tomber de l’arbre pour éviter la fatigue de descendre : ensuite il demeure au pied jusqu’à ce qu’il ait consommé ses vivres et que la faim l’oblige d’en chercher d’autres. Le lamantin, que les Espagnols nomment pexe-buey (poisson-bœuf), remonte dans le fleuve des Amazones. La Condamine en dessina un d’après nature à Saint-Paul d’Omaguas. Il dit avec raison qu’il ne faut pas le confondre avec le phoque ; mais il a tort de les nommer des poissons, puisque ce sont des animaux à sang chaud. On rencontre des lamantins, ajoute La Condamine, à plus de mille lieues de la mer, dans le Guallaga, le Pastaca, etc. Il n’est arrêté dans l’Amazone, que par le Pongo, au-dessus duquel on n’en trouve plus. Les oiseaux de cet ardent climat sont en si grand nombre, et d’espèces si variées, qu’on ne trouve point de voyageurs qui aient entrepris d’en donner une exacte description. « Les cris et les croassemens des uns, confondus avec le chant des autres, ne permettent pas de les distinguer. Dans cette confusion, on ne laisse pas de remarquer avec étonnement que la nature a fait une espèce de compensation du chant et du plumage ; c’est-à-dire que les oiseaux qu’elle a parés des plus belles cou-