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Les vignes du Pérou et du Chili sont très-productives ; mais on y met le vin dans des cruches de terre, et on les enduit d’une sorte de résine, dont le goût, joint à celui des peaux de boucs dont on se sert ensuite pour le transporter, lui donne une saveur amère semblable à celle de la thériaque, et une odeur à laquelle on ne s’accoutume point facilement.

Les fruits du Chili viennent sans beaucoup de culture : on n’y greffe point les arbres. Cependant la quantité de poires et de pommes, dont on n’y est redevable qu’à la nature, fait trouver de la peine à comprendre comment ces arbres, qui n’y étaient pas connus avant la conquête, ont pu se multiplier jusqu’à cette excessive abondance. On voit des campagnes entières d’une espèce de fraisiers déjà décrits. Les champs y sont remplis de toutes espèces de légumes, dont quelques-unes, telles que les navets, les patates, la chicorée, etc., y croissent même naturellement.

Les herbes aromatiques de notre climat, telles que le petit baume, la mélisse, la tanaisie, la camomille, la menthe, la sauge, y couvrent toutes les terres. On y distingue une petite espèce de sauge qui s’élève en arbrisseau, dont la feuille ressemble un peu au romarin. Les collines sont embellies de rosiers qui n’ont point été plantés, et l’espèce la plus fréquente y est sans épines. On voit aussi dans les campagnes une sorte de lis que les habitans nomment ligtu. Il s’en trouve de différentes cou-