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riété fort estimée, et les ignames, fournissent aussi à la nourriture des habitants. Les papaies, les guanabanes, espèce de corossol, les limons et citrons de plusieurs variétés sont au nombre des fruits que produit ce climat.

Les Indiens indépendans cultivent mal le tabac. Ils se bornent à le semer dans leurs plantations, et, l’abandonnant à la nature, ils attendent qu’il soit sec pour le dépouiller de ses feuilles, qu’ils roulent en cordes de deux ou trois pieds de longueur, au milieu desquelles ils laissent un petit trou. Lorsqu’ils veulent fumer en compagnie, un petit garçon allume un bout du rouleau, et mouille l’autre pour empêcher qu’il ne brûle trop vite. Le fumeur met le bout mouillé dans sa bouche, comme on y met une pipe, et, soufflant par le trou, il pousse la fumée au visage de ceux qui l’environnent. Chacun a sous le nez un petit entonnoir qui sert à la recevoir, et pendant plus d’une demi-heure ils la respirent voluptueusement.

On retrouve dans ces pays le fromager, ou caïba, que nous avons décrit en parlant des arbres de la côte occidentale d’Afrique.

Du côté de Guayaquil, on emploie, pour enivrer le poisson, le suc du barbasco, qui parait être une espèce de molène. Les voyageurs décrivent sous le nom de vijahua une plante dont les feuilles sont si grandes, qu’elles pourraient servir de draps dans un lit. Elles n’ont pas de tige. Leur longueur ordinaire est de cinq pieds sur deux pieds et demi de lar-