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ches navigables, que M. de Humboldt a parcourues, ajoute aux avantages qu’il peut procurer à la Guiane en facilitant les relations avec le Brésil et les parties intérieures du nouveau continent.

La Guiane espagnole comprend une partie de ces déserts arides connus sous le nom de Llanos, dont le reste appartient à la province de San-Juan de Llanos, dans la nouvelle Grenade. M. de Humboldt en fait, dans ses Tableaux de la nature, une description intéressante que nous allons offrir au lecteur. « En quittant les humides bords de l’Orénoque et les vallées de Caracas, lieux où la nature prodigue la vie organique, le voyageur, frappé d’étonnement, entre dans un désert dénué de végétation. Pas une colline, pas un rocher ne s’élève au milieu de ce vide immense. La terre présente seulement çà et là des couches horizontales fracturées qui couvrent souvent un espace de deux cents milles carrés, et sont sensiblement plus élevées que ce qui les entoure. Deux fois chaque année, l’aspect de ces plaines change totalement : tantôt elles sont nues comme la mer de sable de Libye, tantôt couvertes d’un tapis de verdure comme les steppes élevées de l’Asie moyenne. À l’arrivée des premiers colons, on les trouva presque inhabitées. On n’y rencontre aucun arbre que des palmiers en éventail, appelés mauritia, dispersés çà et là. Depuis la découverte du nouveau continent, cette vaste étendue est de-